Pas de music tech sur une planète morte : comment faire ?

Music tech & écologie

La music tech est aussi concernée par le changement climatique

Par Louise Blas – Chargée de veille & prospective à Plaine Images

C’était l’une des thématiques centrales des Rencontres de l’innovation et des transitions organisées par le CNM : comment l’industrie peut-elle répondre à son échelle à l’urgence climatique ? Nous nous trouvons confronté à une réalité qui traverse toute l’économie mondiale. Alors que les grands noms de la musique continuent à remplir les stades et à déplacer les foules (sur un échantillon certe modeste de Swifties présents aux concerts de la pop star début juin à Lyon, 31,5 % ont indiqué s’y être rendus en avion), et qu’une tournée mondiale reste l’horizon rêvé de la plupart des artistes, peut-on réellement agir concrètement pour la planète ?

Des exemples vertueux dans l'industrie musicale

Les exemples ne manquent pas : le groupe Coldplay, à travers sa tournée Music of the Spheres, se positionne en pionnier de l’écoresponsabilité. Il a annoncé avoir réduit de 59 % leurs émissions de carbone par rapport à sa précédente tournée. La marge de manœuvre était, certes, probablement énorme pour un groupe de cette stature, mais d’autres annonces montrent la volonté de poursuivre les efforts : les impressions des prochains disques vinyles se feront à partir de neuf bouteilles recyclées (pour chaque disque). Si cela peut sembler futile, il ne faut pas sous-estimer l’influence que pourrait avoir ce type d’initiative, de la part d’un groupe planétaire.

Autre exemple, le groupe Massive Attack a annoncé réaliser sa tournée 2020 en train, une contrainte forte et une prise de position radicale. On pourrait également s’inspirer des live houses japonaises, où le backline est fourni aux musiciens, permettant de voyager léger.

Mais des enjeux encore en quête de solutions

Plusieurs questions restent encore sujet à débat : comment réduire l’empreinte carbone sans compromettre la magie de l’expérience ? Comment résoudre la tension entre besoin d’innovation et exigence de sobriété ? Comment se prémunir du greenwashing, qu’on pourrait, il est vrai, vite brandir ? Un constat : ces trois problématiques s’adressent finalement à tous les pans de l’économie.

La music tech doit réaliser sa part

Ancrée dans une réalité économique et sociétale, l’industrie musicale se doit de faire sa part : mais n’oublions pas que 80% de l’impact vient des spectateurs et non de la production en elle-même. Ce défi majeur reste non résolu. Le sujet est donc éminemment sociétal et donc complexe, et doit prendre en compte d’autres dimensions pour être suivi d’effets : diminution de la taille des événements, engagement des acteurs de la mobilité et des pouvoirs publics, initiatives citoyennes ou de la filière, redéfinition du succès pour les artistes… L’industrie ne résoudra pas à elle toute seule la crise écologique, mais elle a un devoir moral de tendre vers l’exemplarité.

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