Le crédit d'impôt jeu vidéo menacé
Par Louise Blas – Chargée de veille & prospective à Plaine Images
C’est la rentrée pour l’industrie, et un rapport récent sobrement intitulé Revue de dépenses : les aides aux entreprises, et rédigé par l’Inspection générale des finances jette un voile morose sur cette fin d’année. L’IGF recommande, entre autres mesures pour réduire le déficit public, la suppression du Crédit d’Impôt Jeu Vidéo (CIJV).
Dans cette fiche technique de trois pages, les rapporteurs constatent qu’il n’y aurait pas d’évaluation spécifique du crédit d’impôt, pour constater son efficacité sur le maintien des studios en France (réclamé régulièrement par l’industrie), et que d’autres dispositifs de soutien existent pour palier à son éventuel arrêt (fonds d’aides, prêts, garanties…). L’IGF dépeint également le secteur comme prospère et dynamique, semblant dès lors irresponsablement écarter oublier toutes les complexités économiques d’un secteur aussi pointu et singulier.
Le crédit d'impôt jeu vidéo est essentiel pour notre filière
Le SNJV, avec le soutien de toutes les associations régionales dont Game IN, monte au créneau pour défendre les entreprises françaises, et Plaine Images ne peut qu’acquiescer : le CIJV crée plus de recettes qu’il n’engendre de dépenses, et plusieurs études démontrent son impact positif sur le chiffre d’affaires des studios. L’image fantasmée d’une industrie replète est à mille lieux de nos quotidiens d’accompagnateurs, les petits studios indépendants comme les poids lourds du secteur ont besoin de ce dispositif pour alléger les coûts de production conséquents.
N’oublions pas que le jeu vidéo reste la première industrie culturelle mondiale, et que la filière du jeu vidéo en France est résiliente, notamment grâce aux CIJV. La demande du marché est en augmentation constante, et l’offre jeu vidéo s’intensifie d’autant plus : dès lors, rester dans la course dans un marché exponentiel est une gageure permanente.
Un rapport parlementaire récent (mai 2024) notait à ce propos les effets bénéfiques du CIJV sur la filière : le CIJV est très largement réparti sur l’ensemble du territoire, avec l’émergence de véritables pôles régionaux du jeu vidéo, dont les Hauts-de-France. Le rapporteur notait que le dispositif initiait une dynamique positive sur l’ensemble du territoire qui a permis à la France de se positionner comme un acteur compétitif et innovant sur la scène internationale du jeu vidéo… et de conclure que « le CIJV est indispensable au développement de la filière française de jeux vidéo, dans un contexte de très forte compétitivité internationale ».
Lueur d’espoir, on apprend que La Direction générale des Entreprises (DGE) s’est montrée défavorable à la suppression du dispositif, preuve en est qu’elle en pressent les conséquences négatives pour le secteur ?