Par Louise Blas – Chargée de veille & prospective à Plaine Images
De nombreux médias britanniques se sont fait l’écho de la vitalité de l’industrie musicale au Royaume-Uni, portée par le streaming et la vente de vinyles. Le Guardian modère les enthousiasmes en rappelant quelques détails à prendre en compte :
D’abord, les chiffres ne tiennent pas compte de l’inflation, et comparer les 2,389 milliards £ dépensées par les consommateurs en 2024 avec les 2,221 milliards £ dépensées en 2011 a peu de sens (cette somme équivaut à 4 milliards £ en 2024). Ensuite, la méthode de calcul utilisée par l’Entertainment Retailers Association est obsolète : le streaming représente désormais 85% du marché, et les ventes physiques seulement 13%. L’ERA continue de tout convertir en « équivalent albums », faisant même des comparaisons avec 2004… 2 ans avant la création de Spotify. Dire que « l’équivalent de 201 millions d’albums a été consommé l’année dernière au Royaume-Uni, contre 172 millions d’albums achetés en 2004 » est donc une comparaison hardie. Et pour finir, la répartition des revenus pose question : les revenus du streaming sont nettement moins avantageux pour les artistes que ceux des CD, et on sait désormais que les parts de marché se concentrent entre trois grandes maisons de disques, qui poursuivent de perpétuels mouvements de consolidation.
Ces chiffres triomphaux sont donc une énième occasion de constater que l’industrie musicale bénéficie bien plus aux majors, et surtout qu’ils ne disent rien de la réalité économiques des artistes interprètes. Une modernisation de la méthode de calcul doit être envisagée pour refléter la réalité actuelle du marché