Par Louise Blas – Chargée de veille & prospective à Plaine Images
C’est un partenariat qui espère faire date dans l’industrie : Deezer et la Sacem s’associent pour une rémunération plus équitable des droits d’auteurs, grâce au modèle dé rémunération artist-centric.
Au-delà du prix accordé à chaque stream, analysé récemment par Duetti, ce nouveau modèle diffère radicalement du modèle actuel, appelé market centric.
C’est l’occasion de faire un état des lieux :
– Le modèle market centric calcule les droits de redevances au prorata des écoutes totales : vous pouvez donc écouter uniquement des artistes confidentiels, mais verser la majorité de votre abonnement aux poids lourds du secteur, sans même les écouter. Ce modèle en vigueur par défaut chez tous les DSPs, est défavorable pour les genres de niche et les artistes les moins plébiscités.
Historiquement, ce modèle de rétribution trouve ses origines dans les premières années de Spotify, quand la compagnie flirtait avec l’illégalité. Les majors, échaudées par des années de piratage, ont pu dicter leurs règles à leurs avantages et ne se pressent pas pour faire bouger le modèle.
– Le modèle artist centric (ou user-centric), promu par Deezer et la Sacem, entend rémunérer les artistes effectivement écoutés par l’abonné. Ce modèle est pondéré en incluant une prime aux professionnels : les chansons des artistes ayant au moins 1 000 streams provenant de 500 abonnés différents chaque mois sont rémunérées deux fois plus par stream par rapport aux artistes qui n’atteignent pas cet objectif. Ce modèle cherche un point d’équilibre en pondérant la popularité et la fidélité des auditeurs. Il est aussi critiqué par une partie de la profession, car il continuerait à bénéficier largement aux gros artistes.
La Sacem n’a pas donné de chiffres précis sur les augmentations de redevances que les auteurs-compositeurs peuvent espérer : sa directrice générale Cécile Rap-Veber met en garde dans un interview accordé à Musically : « je ne parle pas de 10 % ou 20 % de croissance, mais c’est suffisamment important, je pense, pour adopter le système ». Leader mondial de la gestion collective des droits des créateurs et éditeurs, la Sacem a l’objectif clairement assumé de faire « tâche d’huile » avec ce partenariat, en contraignant d’autres DSPs à suivre l’exemple.