Par Louise Blas – Chargée de veille & prospective à Plaine Images
Il existe une tension inhérente au sein de l’industrie musicale, et c’est même ce qui fait tout son sel pour les entrepreneurs qui portent un projet music tech. L’industrie musicale navigue entre deux nécessités difficilement conciliables : l’exigence d’être rentable, structurée, même standardisée par moment (les fameuses métadonnées, pour ne donner qu’un exemple)… mais aussi celle de préserver une authenticité artistique, et de célébrer la prise de risque créatives.
Dès lors beaucoup de projets music tech doivent se frayer un chemin, la plupart du temps entre la résolution d’un enjeu fonctionnel pour améliorer le fonctionnement de la filière :
– Fluidifier l’achat de billets de concert
– Bâtir des algorithmes pour la programmation, la découvrabilité, le marketing
– Créer des espaces numériques pour réunir les communautés de fan
– Proposer des bibliothèques musicales, des outils de création musicale
… et la préservation d’un espace créatif et personnalisable pour exprimer son individualité :
– Chaque artiste veut proposer une expérience en phase avec son univers
– Chaque programmateur utilise sa sensibilité en complément de données factuels
– Chaque manager ou tourneur voudra pour son artiste des productions et collaborations qui renforcent sa marque, basée sur des partis pris artistiques souvent intangibles
– Chaque label manager détecte ses talents en bonne partie grâce à son intuition, en tentant d’anticiper les goûts du public.
En résumé, l’approche métier, basée sur l’expérience et le ressenti, est parfois difficile à prendre en compte, et peut même virer au casse-tête quand on conçoit une solution technologique ! C’est tête la première dans ce noeud que nous recevons le 4 avril à PIX Alex Stevens, fondateur de Bookr.fm : curateur depuis plus de 20 de festivals internationaux, Alex développe des solutions pour les festivals, et met la technologie au service de la programmation… Il sait mieux que quiconque que structurer une activité de la filière par la technologie, doit préserver l’essence du métier.
Comment créer des expériences et outils uniques et authentiques, tout en collectant, automatisant, analysant, faisant des prescriptions grâce à des interfaces numériques ? Comment équilibrer intuition humaine et attention envers les données ? Peut-être est-ce là le problème ultime que doit solutionner chaque projet music tech.